L’appareil digestif, notre deuxième cerveau ?
Oui effectivement, la seconde concentration de neurones après le cerveau se trouve dans l’appareil digestif. Et pour briller dans les salons parisiens, vous pourrez même parler du système nerveux entérique, par similitude avec le cerveau qui constitue notre système nerveux central.
Entre 100 et 200 millions de neurones (il s’agit d’estimations par extrapolation : personne ne les a réellement comptés puisque celui qui se lancerait dans l’aventure y serait encore) dans l’appareil digestif pour de l’ordre de 100 milliards de neurones dans le premier cerveau, soit entre 500 et mille fois plus tout de même !
L’appareil digestif utilise les mêmes neurotransmetteurs ( molécules qui transmettent et modulent le signal électrique entre neurones) que le cerveau. Ses neurones en émettent une trentaine (sérotonine, adrénaline, acétylcholine.. ) . La sérotonine par exemple qui intervient dans les émotions, l’humeur, l’appétit, le sommeil est produite à 95% par l’appareil digestif.
Cette sérotonine constitue le neuromédiateur clé de la sensibilité viscérale. Les antidépresseurs de type ISRS semblent, outre l’impact qu’ils ont sur le cerveau, en avoir également un anti-douleur sur l’intestin.
Par ailleurs, les deux systèmes nerveux échangent énormément d’informations par le nerf vague qui relie tête et ventre. Les scientifiques savent désormais que 80% des informations transitant via le nerf vague vont de l’intestin vers le cerveau.
Tout ceci confirme les liens étroits qu’il peut y avoir entre cerveau et appareil digestif, en particulier ascendants. L’acupuncture abdominale, pratiquée depuis plusieurs dizaines d’années en Chine, soigne de nombreuses pathologies, en particulier les dépressions. Par expérience, les spécialistes de la relaxation ( sophrologie, yoga..) exploitent en utilisant le ventre comme voie d’accès au cerveau et passent souvent par la respiration basse (qui masse le ventre par abaissement du diaphragme) pour amener la détente…
…et la barre ou la boule au ventre que nous ressentons tous plus ou moins en cas de fort stress trouve probablement ses origines dans ce qui précède.
Pour en savoir plus, vous pourrez :
- Voir le film ” Le ventre, notre deuxième cerveau” de Cécile Denjean , qui s’est vu décerner le Grand prix du festival Pariscience en 2014. L’affiche de ce documentaire DVD figure en illustration juste au-dessus de ces lignes.
- Lire ” Le ventre, notre deuxième cerveau ” de Fabrice Papillon & Héloïse Rambert paru chez Arte-éditions. Il a inspiré le documentaire ci-dessus et son image de couverture figure en tête de ce billet.
- Consulter le dossier spécial consacré à notre second cerveau dans le ”Sciences & Avenir” de juin 2012.