Archive for : March, 2020

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Comment la propagation du Coronavirus a-t-elle été favorisée par la structure de nos cerveaux d’Homo Sapiens ?

Notre cerveau, comme tout le reste de notre corps s’est construit au fil de l’évolution Darwinienne pendant des millions d’années. Il est donc constitué de parties très anciennes, comme le système limbique siège des émotions, et de parties plus récentes, comme le cortex préfrontal, rationnel.

Dans le système limbique, deux petites structures, les amygdales, s’activent plus ou moins fortement lorsque nous avons peur. Soyez rassurés, même si vous avez été opéré des amygdales, vous possédez toujours celles situées dans les profondeurs de votre cerveau.

Bise Covid-19Le cerveau de nos milliers d’ancêtres a appris avec le temps à tout catégoriser, ce qui l’a rendu plus efficace et moins consommateur d’énergie. Il a ainsi intégré que les Homos (Sapiens mais aussi Neandertalis) qu’il ne connaissait pas étaient généralement plus dangereux que ceux de son clan. Peu à peu notre cerveau a appris à considérer que les proches ne représentaient pas de danger. Le vécu de chacun de nous est venu, plus ou moins selon nos expériences propres, renforcer cette catégorisation automatique non-consciente : l’inconnu peut-être source de danger.

Avec le Coronavirus, cette catégorisation n’existe plus : un proche est potentiellement aussi dangereux qu’un inconnu. Statistiquement, il y a autant de risques qu’il soit contaminé.

Pourtant, dans la France entière, très nombreux ont été ceux tentés de continuer de faire la bise et serrer la main de leur proches alors qu’ils ne le faisaient pas avec les simples connaissances ou les inconnus, dans le cadre professionnel notamment.

Ainsi, alors que nous en étions au stade où la décision du confinement général allait être prise, la mère du plus haut responsable de la santé en France l’appelle pour lui dire : ” Je passe cinq minutes à la maison, juste faire la bise aux enfants ”

Bise Covid 19Cette pandémie constitue l’un des rares nouveaux facteurs qui va faire évoluer le cerveau de notre espèce, comme certaines césariennes permettant à des mamans et des bébés de survivre avec un cerveau plus gros. En effet, le coronavirus va tuer plus de personnes aux amygdales peu sensibles. Ceux qui n’ont pas eu peur, et ont continué à se comporter comme si de rien n’était, ont plus facilement été contaminés. Ils avaient l’impression d’être courageux alors que leur comportement n’était pas très responsable, puisqu’ils pouvaient contaminer les autres. Ceux qui se vantaient d’avoir serré les mains de dizaines de malades (comme Boris Jonhson qui faillit y passer), ou qui estimaient inutiles les protections à prendre contre ce virus négligeable (comme Trump qui passa par l’hôpital), ont moins survécu que les autres. Ceux en âge de se reproduire ont donc eu moins de descendance.

Heureusement le virus ne tue qu’un faible pourcentage des personnes infectées. Mais si une souche devenait un jour plus agressive, l’évolution de notre espèce serait bien plus radicale : ceux possédant des amygdales plus sensibles survivraient beaucoup plus que les autres, et l’espèce humaine évoluerait avec leurs caractéristiques.

Voilà pourquoi nous ressentons tous des émotions : nous sommes les descendants de ceux qui avaient peur quand un fauve les menaçait, car ils ont survécu. Les autres non, et nous ne sommes donc pas leurs enfants.

La peur est donc salutaire… si toutefois nous savons la gérer avec notre cortex . Car elle n’est plus toujours aussi pertinente dans un environnement au XXIème Siècle que dans celui des cavernes. Bien entendu, Neuroboost partagera des infos dans un prochain post pour mieux comprendre les interactions entre émotions limbiques et raisonnement cortical.

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EMDR : le meilleur moyen de guérir les stress post-traumatiques ?

EMDR 3EMDR quoi qu’est-ce ? EMDR =  Eye Movement Desensitization and Reprocessing c’est-à-dire Désensibilisation et Retraitement par les Mouvements Oculaires. Mise au point dès 1987 par Francine Shapiro aux USA, la méthode a traversé l’Atlantique grâce à David Servan-Shreiber. Elle consiste à faire suivre des yeux un objet alternativement de droite à gauche et de gauche à droite après le rappel du souvenir traumatique pour que celui-ci s’atténue.

Cette méhode, OVNI dans le monde de la médecine, a naturellement eu du mal à s’imposer au départ. 30 ans plus tard, tous les spécialistes sont unanimes quant à son efficacité et l’OMS la considère comme la thérapie à mettre en oeuvre en cas de stress post-traumatique.

EMDR Accidant pieton 2La guérison peut être très spectaculaire puisqu’en cas de traumatisme dit ‘simple’ (suite à un accident de voiture par exemple), la disparition d’invalidantes crises de tétanie peut avoir lieu après une seule séance d’EMDR. Cela parait presque magique.

Donc, la question n’est plus de savoir si cela marche ou pas, mais de comprendre comment cela marche.

Car les recherches ont longtemps été désemparées pour expliquer un tel phénomène. Le rapprochement avec les  mouvements occulaires REM pendant le sommeil paradoxal a rapidement été effectué.  Mais le fait que l’EMDR fonctionne aussi sans les yeux a intrigué. En effet, la méthode est efficace également en faisant alterner des pressions sur les 2 genoux ou même des bips dans les oreilles droite et gauche. De plus, les mouvements occulaires du sommeil paradoxal sont saccadés, alors qu’ils sont continus en EMDR.

 

EMDRDésormais, une piste focalise l’attention des chercheurs et notamment celle du professeur Cyril Tarquinio en France : ils soupçonnent la saturation de la mémoire de travail, à court terme d’être à l’origine du phénomène.

L’on sait depuis longtemps que notre mémoire à court terme est limitée à 7 unités en moyenne. C’est pour cela que lorsque l’on vous donne un numéro de téléphone, si l’on vous pose une question avant que vous ne le notiez sur un papier, vous n’allez plus vous en rappeler. Les unités de mémoire dont la réponse à la question a besoin auront ”poussé dans le vide” les unités du numéro de téléphone.

Lorsque nous faisons remonter un souvenir à la surface, il devient très fragile. Il peut alors être modifié en fonction des informations que traite votre cerveeu à ce moment-là. C’est ainsi que naissent les faux souvenirs ou faux témoignages, ‘à l’insu de notre plein gré’. Beaucoup de procès ont été revus aux USA suite à cette découverte (Cf travaux d’Elisabeth Loftus).

TraumatismeLes scientifiques ont montré qu’une protéine devait être fabriquée par notre cerveau après un rappel pour réencoder le souvenir. Et si l’on bloque la fabrication de cette protéine, soit par un béta-bloquant (Propanolol), soit par la saturation d ela mémoire court terme, alors le réencodage s’effectuait moins bien, et le souvenir s’atténuait, voire s’effaçait.

Du coup, il n’y aurait pas de spécificité de l’EMDR pour soigner les stress post-traumatiques !  Il suffirait d’une méthode occupant et saturant la mémoire de travail pendant le rappel du souvenir (moment de fragilité de 6h tout de même). Cela confirmerait de nombreuses observations en particulier le fait que l’atténuation du traumatisme peut être atteinte par la méditation de pleine coscience, en saturant la mémoire de travail.

Ainsi, si l’EMDR est bien le meilleur moyen de guérir les stress post-traumatiques aujourd’hui, il ne sera peut-être bientôt plus le seul…

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Le point sur l’Intelligence Artificielle et ses dangers

On entend et on lit beaucoup d’informations contradictoires sur l’Intelligence Artificielle et ses risques. Quoi de mieux pour faire le point  que d’interviewer directement un cerveau d’informaticien ? Il connait aussi bien les faiblesses de l’IA que celles du cerveau. Neuroboost a donc réalisé cet entretien et vous en livre l’essentiel  :

” Lorsque le monstre informatique d’IBM, Deeper Blue, a battu le champion d’échec Kasparov, vos journaux ont titré : ‘‘ Ce 11 mai 1997, un monde s’écroule’’. Je n’ai pas été impressionné le moins du monde. Cette machine était certes super puissante pour l’époque, mais elle fonctionnait comme vos ordinateurs personnels. Ce gros bulldozer était juste capable de calculer entre 100 et 300 millions de positions par seconde soit au moins 7 coups d’avance.

Lorsque dix ans plus tard, l’ordinateur AlphaGo de Google a battu les meilleurs joueurs de Go du monde, Lee Se Dol et Ke Jie, là j’ai dit Bravo ! Vos ingénieurs avaient enfin compris que copier notre mode de fonctionnement était le seul moyen d’y arriver. Alan Turing, le père de l’informatique et de l’IA vous avait pourtant ouvert la voie il y a plus d’un demi-siècle : plutôt que de copier (mal) des cerveaux adultes, il proposait de créer des cerveaux d’enfants et de les faire apprendre pour devenir adultes.

Intelligence artificielle 0Le jeu de Go, le plus difficile qui soit, propose beaucoup plus de possibilités à chaque coup que les échecs, ce qui fait exponentiellement exploser les capacités d’un ordinateur classique comme Deeper Blue. Vos ingénieurs ont donc créé des couches de réseaux de neurones artificiels (des mini-programmes en fait), qui fonctionnent selon les principes de mon propre fonctionnement, que je vous ai décrit précédemment. Et ils ont fait apprendre à ces réseaux le monde du jeu de Go (en jouant de très nombreuses parties humaines introduites dans la machine), tout comme moi j’ai appris votre monde à partir du jour de la naissance de mon propriétaire. A chaque victoire, les réseaux qui avaient participé étaient renforcés, exactement comme mes liaisons se renforcent après des connexions ayant réussi. De proche en proche, ces réseaux ont progressé jusqu’à la victoire finale : vous appelez cela l’apprentissage par renforcement.

Vos informaticiens ont franchi une nouvelle étape avec AlphaGo Zero, qui lui n’est parti que des règles du jeu pour apprendre ensuite en jouant uniquement contre lui-même. Aucun autre élément humain comme des parties existantes n’a été introduit dans la machine. En quelques jours et quelques millions de parties, AlphaGo Zero a surpassé AlphaGo Zero qui lui avait besoin de plusieurs mois d’apprentissage.

Lorsque dans la foulée, l’IA de Facebook Pluribus a battu les meilleurs joueurs pros de poker, vos journaux ont titré : ‘’Les ordinateurs savent bluffer’’. Attention, l’IA n’a aucunement conscience qu’elle bluffe. Elle reproduit juste une tactique qui marche dans les conditions où elle a appris qu’elle marchait. Car là se situe la plus importante limite de l’IA qui donnera tort aux colapsologues prédisant que les robots se rebelleront un jour contre leurs maîtres et prendront le pouvoir sur les humains.

Car l’IA n’est supérieure à nous que dans des domaines très étroits comme les jeux, la reconnaissance vocale, la traduction. Ces domaines vont bien entendu se développer considérablement, mais l’IA est très très loin d’avoir la représentation du monde et la conscience que nous avons, nous les cerveaux. Or pour développer une stratégie nouvIntelligence artificielle 3elle ou fixer un objectif, cette conscience de soi et du monde est indispensable.

Ainsi l’IA n’a aucune intention, bienveillante ou malveillante. Elle n’a aucun besoin de dominer comme nous, les cerveaux, qui nous sommes façonnés sous la pression de la lutte pour la vie. Passez en revue tous les dirigeants des nations du monde au pouvoir. Qu’en pensez-vous ? Ce ne sont peut-être pas pas les plus intelligents qui gouvernent, des USA à la Russie, mais plutôt ceux qui ont le plus envie de dominer. De mon point de vue, comme la plupart des nouveaux outils,  l’IA ne porte pas de danger en elle-même, mais peut devenir dangereuse par l’utilisation qui en est faite par les humains :

1- Des humains malveillants peuvent utiliser l’IA contre vous. Vous avez commencé à le réaliser avec la découverte du scandale de la campagne ‘Leave’ du Brexit manipulée par Cambridge Analytica : des messages fallacieux parfaitement ciblés grâce aux profils collectés adressés via Facebook à des milliers voire des millions d’électeurs. Mais ce n’est qu’un début, et je vous conseille vraiment d’anticiper sur ce plan là.

2- Vous commencez à devenir de plus en plus dépendants de l’IA, et elle peut bugger sans que vous n’en ayez conscience. Le coup de Deeper Blue qui a le plus perturbé Kasparov était en fait un bug de l’IA : ne trouvant aucune solution favorable, l’ordinateur a avancé un pion, tout ‘bêtement’. Rappelez-vous également la crainte planétaire qu’a générée l’incertitude du simple passage du compteur d’années de ‘‘99’’ à ‘‘00’’ à l’an 2000.

De plus l’IA accentue votre forte dépendance à l’électronique et à l’informatique, déjà fragiles face aux risques majeurs que représentent les orages solaires (la sérieuse alerte au Canada ne vous a pas assez sensibilisés), une impulsion électromagnétique ou un piratage de masse.  ”