Les neurosciences au service de l’éducation
Les neurosciences ont enfin intégré l’éducation nationale ! Cela a toutefois soulevé et soulève encore beaucoup de résistances et d’oppositions. Au-delà des luttes de pouvoir et des querelles de chapelles, tentons de faire le point sur les apports des neurosciences. Pour cela, abordons quelques exemples pour que vous puissiez vous faire votre propre idée :
L’attention : le travail de Jean-Philippe Lachaux et son équipe a permis de mettre l’attention au cœur de l’apprentissage dans de nombreuses écoles. C’est le moyen numéro un pour favoriser la mémorisation. Pourquoi ? Parce que la mémoire de travail ne peut emmagasiner sans attention. La moindre perturbation va venir la troubler et les informations qui y sont stockées (7 en moyenne) vont disparaître. Jean-Philippe Lachaux apprend donc aux enseignants à rendre les enfants conscients de leur niveau d’attention chaque fois que possible. Ils peuvent montrer un feu tricolore qui indique leur degré d’attention (vert orange ou rouge). Pour les plus jeunes, ils peuvent apprendre à écouter en montrant un logo, une bouche fermée par exemple, qui signifie à l’autre : je ne vais pas parler et je vais t’écouter pendant la durée de ta parole.
Les résultats sont aux rendez-vous. L’enfant prend conscience que son cerveau est en équilibre sur un poutre et que de nombreux distracteurs vont tenter de le faire tomber. Grâce à cette image, il parvient à mieux rester concentré, et apprend donc plus efficacement.
La mémoire : Le ‘’bachotage’’ ne paie pas. C’est désormais une certitude. Pendant le sommeil, les souvenirs sont triés. Ceux que notre cerveau estime importants sont renforcés, les autres atténués. Laisser une nuit de sommeil après un apprentissage avant d’y revenir permet de mieux le consolider. Les pédagogues éclairés préfèrent donc un apprentissage dit ‘distribué’ qui répartit les sessions de révision dans le temps jusqu’à l’échéance.
La motivation : Les neurosciences ont montré que pour la maintenir au mieux, il fallait que la difficulté d’un exercice soit située dans une fourchette, variable selon chaque individu. En effet, il est indispensable que le chalenge soit suffisamment difficile pour présenter un intérêt. S’il est trop facile, il n’y a pas vraiment de défi, de suspense, de valorisation individuelle. S’il est trop difficile, le découragement va terriblement nuire à la motivation, jusqu’à même l’annihiler.
Le redoublement : Voilà probablement le sujet relatif à la scolarité ayant connu pendant les dernières décennies le plus de controverses. Les allers-retours furent aussi brusques que nombreux : le redoublement a été à plusieurs reprises pratiqué, tout comme il a été à plusieurs reprises banni. Les théories des uns et des autres s’affrontaient régulièrement : chaque théorie triomphait de l’autre grâce à des luttes de pouvoirs, et autres considérations multiples dont le point commun était de ne jamais être basé sur des études ou analyses des faits. Or l’on sait désormais que si un élève passe dans la classe supérieure au lieu de redoubler, il progresse en moyenne 4 mois de plus par année scolaire par rapport à un redoublement. Cette conclusion est basée sur plusieurs meta-analyses regroupées par l’EFF (Education Endowment Foundation britannique). Voici donc un résultat scientifique qui devrait éliminer une bonne fois pour toute un grand gâchis, d’interminables et coûteux débats. Et, cerise sur le gâteau, cela va autoriser une réduction significative des coûts imputés à la collectivité : de 6 000 à 10 000 € par redoublement selon l’âge.