EMDR : le meilleur moyen de guérir les stress post-traumatiques ?
EMDR quoi qu’est-ce ? EMDR = Eye Movement Desensitization and Reprocessing c’est-à-dire Désensibilisation et Retraitement par les Mouvements Oculaires. Mise au point dès 1987 par Francine Shapiro aux USA, la méthode a traversé l’Atlantique grâce à David Servan-Shreiber. Elle consiste à faire suivre des yeux un objet alternativement de droite à gauche et de gauche à droite après le rappel du souvenir traumatique pour que celui-ci s’atténue.
Cette méhode, OVNI dans le monde de la médecine, a naturellement eu du mal à s’imposer au départ. 30 ans plus tard, tous les spécialistes sont unanimes quant à son efficacité et l’OMS la considère comme la thérapie à mettre en oeuvre en cas de stress post-traumatique.
La guérison peut être très spectaculaire puisqu’en cas de traumatisme dit ‘simple’ (suite à un accident de voiture par exemple), la disparition d’invalidantes crises de tétanie peut avoir lieu après une seule séance d’EMDR. Cela parait presque magique.
Donc, la question n’est plus de savoir si cela marche ou pas, mais de comprendre comment cela marche.
Car les recherches ont longtemps été désemparées pour expliquer un tel phénomène. Le rapprochement avec les mouvements occulaires REM pendant le sommeil paradoxal a rapidement été effectué. Mais le fait que l’EMDR fonctionne aussi sans les yeux a intrigué. En effet, la méthode est efficace également en faisant alterner des pressions sur les 2 genoux ou même des bips dans les oreilles droite et gauche. De plus, les mouvements occulaires du sommeil paradoxal sont saccadés, alors qu’ils sont continus en EMDR.
Désormais, une piste focalise l’attention des chercheurs et notamment celle du professeur Cyril Tarquinio en France : ils soupçonnent la saturation de la mémoire de travail, à court terme d’être à l’origine du phénomène.
L’on sait depuis longtemps que notre mémoire à court terme est limitée à 7 unités en moyenne. C’est pour cela que lorsque l’on vous donne un numéro de téléphone, si l’on vous pose une question avant que vous ne le notiez sur un papier, vous n’allez plus vous en rappeler. Les unités de mémoire dont la réponse à la question a besoin auront ”poussé dans le vide” les unités du numéro de téléphone.
Lorsque nous faisons remonter un souvenir à la surface, il devient très fragile. Il peut alors être modifié en fonction des informations que traite votre cerveeu à ce moment-là. C’est ainsi que naissent les faux souvenirs ou faux témoignages, ‘à l’insu de notre plein gré’. Beaucoup de procès ont été revus aux USA suite à cette découverte (Cf travaux d’Elisabeth Loftus).
Les scientifiques ont montré qu’une protéine devait être fabriquée par notre cerveau après un rappel pour réencoder le souvenir. Et si l’on bloque la fabrication de cette protéine, soit par un béta-bloquant (Propanolol), soit par la saturation d ela mémoire court terme, alors le réencodage s’effectuait moins bien, et le souvenir s’atténuait, voire s’effaçait.
Du coup, il n’y aurait pas de spécificité de l’EMDR pour soigner les stress post-traumatiques ! Il suffirait d’une méthode occupant et saturant la mémoire de travail pendant le rappel du souvenir (moment de fragilité de 6h tout de même). Cela confirmerait de nombreuses observations en particulier le fait que l’atténuation du traumatisme peut être atteinte par la méditation de pleine coscience, en saturant la mémoire de travail.
Ainsi, si l’EMDR est bien le meilleur moyen de guérir les stress post-traumatiques aujourd’hui, il ne sera peut-être bientôt plus le seul…