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L’affaire de la robe bleue ou blanche : les lecteurs de Neuroboost n’ont pas été étonnés

Au cas où vous auriez échappé au buzz de l’affaire de la robe bleue & noire ou blanche & dorée, voici un très bref rappel des faits :

ROBE bUZZ BLANCHE ou BLEUEFin février 2015, la planète web entière s’est scindée en deux : d’un coté ceux qui voyaient bleue et noire la robe à gauche dont l’image venait d’être postée , de l’autre ceux qui la voyaient blanche et dorée. Et vous, dans quel camp vous situez-vous ? Car le ton est parfois monté, tant chaque camp était persuadé de son fait.  En fait justement, cette fameuse robe est bleue & noire, ce que confirme à la fois sa créatrice et Photoshop.

Si vous n’êtes pas un aficionado du site Neuroboost, vous devez brûler d’impatience de comprendre ce qui s’est passé.

Dans 2 minutes, ce sera fait pour l’essentiel !

Regardez pour cela cette danseuse tournante, ci-contre à droite :rotation Femme

 

Vous la voyez tourner  soit dans le sens des aiguilles d’une montre posée au sol (elle est alors appuyée sur sa jambe gauche), soit dans le sens inverse (elle est alors appuyée sur sa jambe droite). Si vous la montrez à des amis, certains vont la voir tourner dans un sens, d’autres dans l’autre. Et pourquoi alors le monde des réseaux sociaux ne s’est-il pas alors scindé en deux pour rentrer dans la première guerre froide mondiale et néanmoins virtuelle.  Parce que certains la voient tantôt tourner dans un sens, tantôt dans l’autre. Alors que pour la robe, les deux camps n’ont pas de transfuges : aucun ne la voit tantôt bleue, tantôt blanche. Mais pourtant le phénomène d’origine est le même : le cerveau reconstruit tout ce qu’il perçoit. 

 

 

Ainsi pour le sens de rotation de la danseuse, si l’on donne à votre cerveau quelques indications supplémentaires comme les yeux, il va savoir construire dans le sens des indices donnés. Jugez-vous mêmes ci-dessous :

 

illusion-la-danseuse dans chaque sensEt là, plus de discussion : tout le monde la voit tourner sur sa jambe gauche sur l’image de gauche, et sur sa jambe droite sur l’image de droite. Au milieu, votre cerveau fait toujours ce qu’il veut. Il reconstruit comme il l’entend et vous n’en êtes pas maîtres.

Et bien, dans tous les domaines, c’est pareil ! Votre cerveau reconstruit tout ce qu’il voit. Car il ne fonctionne pas comme un appareil photo. Pourtant la rétine de l’œil peut être comparée au capteur d’un appareil photo ou d’une caméra, les cellules en forme de cônes et bâtonnets qui la tapissent jouant un rôle comparable aux pixels. Mais ensuite, le logiciel de traitement de l’image est différent. Le cerveau va traiter les formes, les contours, les contrastes, les mouvements….dans des zones spécifiques pour reconstruire une image qui ne sera pas pixelisée. C’est ainsi que nous pouvons voir en relief. Nos réseaux de neurones vont construire à partie de la légère différence d’angle de vue entre l’œil droit et l’œil gauche, une image en 3D à partir de 2 images en 2D. Fermez un œil, et votre cerveau ne bâtira plus en relief. Bouchez-vous une oreille et vous ne saurez plus dire d’où viennent les sons dans l’espace.  Bouchez la narine d’un chien et ses neurones ne parviendront plus à reconstruire l’origine d’une odeur : il ne saura plus suivre une trace.

Test d'Ishihara Rien- 2Revenons à la vision des couleurs en regardant le dessin suivant ci-contre à gauche. Quel chiffre voyez-vous dessiné ? Aucun ? Pourtant, certains y voient sans ambiguïté un 2 !  Peut-être avez -vous une déficience oculaire ?

Essayons alors avec l’image de droite.  Voyez-vous bien le nombre 21 dessiné au centre comme certains ? Non ?  A moins que vous n’y voyiez peut-être un 74  comme d’autres ?  Oui, çà y est, vous voyez bien le 74 ? Alors soyez rassurés, vous n’avez pas de déficit chromatique. Test d'Ishihara 74 - 21

Ces images sont en fait extraites du Test d’Ishihara qui permet de repérer les déficiences chromatiques comme le daltonisme et les personnes qui n’ont aucun trouble dans leurs cellules rétiniennes ne voient rien dans l’image de gauche et un 74 dans celle de droite, alors que celles qui ont une déficience voient respectivement un 2 et un 21. Mais elles pourront avoir vécu toute une vie s’en s’en apercevoir. Ceci pour vous montrer que la différence peut être énorme dans un contexte très particulier donné (les images d’Ishihara ont été crées spécifiquement pour cela), alors qu’elle n’apparaît pas dans la vie courante. L’origine des différences est ici d’origine biologique. Mais lorsque l’origine est une différence de reconstruction de l’image par le cerveau, le principe demeure:dans un contexte particulier comme l’éclairage par rapport à la couleur de la robe, la différence entre individus peut être surprenante.échiquier d'Adelson

Poursuivons avec l’illustration de droite. Vous êtes d’accord avec moi, la case A est plus foncée que la B. Maintenant, regardons ensemble la version de gauche.Le lien fait entre les deux cases montre clairement, si je puis dire, qu’elles ont exactement la même teinte.  Que s’est-il passé avec la première ? Le cerveau tient

échiquier d'Adelson 2compte du contraste marqué entre les cases blanches et grises de l’échiquier. Ensuite, il intègre la modulation apportée par l’ombre du cylindre vert.  Mais dans sa construction, l’assombrissement ne va pas jusqu’à faire prendre  une couleur grise aussi foncée qu’ une case initialement et fondamentalement blanche.

Pour conclure sur l’affaire de la robe, il y a bien eu essentiellement conjonction des phénomènes mis en jeu dans ces exemples. Au départ, chaque cerveau va construire son image mentale à partir de la photographie. Chaque logique de reconstruction, légèrement différente d’un individu à l’autre va interpréter plus ou moins différemment l’image. Cette interprétation va être d’autant plus différente que la lumière sous laquelle a été prise la photo était probablement à dominance bleutée.  Comme pour l’ombre, nos cerveaux vont ajuster, corriger, chacun dans son style. Et comme pour la danseuse tournante, certains vont voir une construction plutôt bleue, et d’autres en verront une plutôt blanche … Les lecteurs du présent du site Neuroboost savent combien cette reconstruction est permanente, et combien notre cerveau fonctionne en relatif. Celui-ci ne sait que comparer, comme par exemple une couleur avec celles qui l’entourent.

Merci à Jérémy Horin pour l’idée de ce post.

 

Pour en savoir + :

Les pages de Neuroboost sur le cerveau ” relatif “ qui vous permettra de comprendre les mécanismes  mis en oeuvre pour interpréter les entrées livrées par nos sens en comparant en permanence. Vous verrez en particulier comment même les plus musiciens d’entre nous ont besoin d’une référence pour reconnaître une note. Sinon les diapasons n’existeraient pas…robe bleue

 

Parmi les nombreux articles rédigés sur  ”  l’affaire de la robe “, celui de 20 minutes qui a l’avantage d’en retracer le fulgurant historique. Vous pourrez même vous offrir cette magnifique robe  ( bleue !) pour 50 €… tout en reconnaissant qu’elle aurait très bien pu passer inaperçue sans une photo prise sous une lumière donnée, juste entre deux limites perceptives reconstruites par nos cerveaux.

 

Un blog qui retrace parfaitement  ” l’affaire de la danseuse tournante” et montre bien comment à partir d’une simple démo d’un développeur en ‘Flash’, certains arrivent à bâtir des théories simplistes mais accrocheuses comme : ” Ceux qui voient la danseuse tourner à droite ont l’hémisphère droit dominant, ceux qui voient la danseuse tourner à gauche ont l’hémisphère gauche dominant ” !

 

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