Terme fort trompeur. Parce que justement la matière plastique n'est pas... plastique à température ambiante ! En effet le plus souvent, ce que l'on appelle matière plastique demeure rigide si elle n'est pas chauffée, et casse si on la déforme; tout le contraire de la plasticité qui caractérise la capacité d'une matière à pouvoir se déformer sous une sollicitation et à rester déformée à la fin de la sollicitation. Modèle type de plasticité : la pâte à modeler. Vous l'étirez, elle se déforme et garde sa nouvelle forme ensuite. C'est un comportement de la matière qui prend le contre-pied de l'élasticité : vous tirez sur un élastique, il se déforme. Vous le relâchez, et l'ingrat reprend sa forme initiale comme si rien ne s'était passé. La pâte à modeler elle, va garder la mémoire de votre effort méritoire : il n'aura pas été inutile puisqu'elle va rester déformée !
Pratiquement toute matière est élastique sous de faible sollicitations, puis devient plastique si l'effort appliqué augmente. Mais pour certains matériaux la limite est trop faible pour que nous la percevions. Prenez un bout d'acier par exemple. Tirez dessus, de plus en plus fort. Il ne bronche pas dîtes vous ? Certes, vous avez raison, difficile de le voir s'étirer ; OK, alors pour mieux y voir, prenez un bout plus long comme un câble de télésiège en acier : des jeunes devant vous s'agitent et font les fous. Le câble s'étire un peu sous cette sollicitation, et votre siège descend , puis remonte, mais fort heureusement il va finir par retrouver sa position. Il est élastique. Poursuivez avec une plus forte sollicitation et faîtes monter un éléphant dans chaque siège. Assez vite, la limite d'élasticité de l'acier va être dépassée et la phase plastique va prendre le relais. Votre câble de télésiège va alors s'étirer comme du chewing-gum et ne reviendra jamais à sa forme initiale. Si, si, mais je vous concède qu’il n’est pas courant d’en arriver là, fort heureusement pour nous.
D’ailleurs, tous les bâtiments et ponts tiennent compte de la plasticité du béton et de l'acier pour calculer leur résistance : objectif, ne surtout pas l’atteindre et garder une marge de sécurité.
Et par bonheur pour nous, notre cerveau garde la mémoire de nos efforts et quand nous le sollicitons, il va évoluer et garder la trace de cette évolution. Sinon, comment ferions-nous pour apprendre ou pour mémoriser s’il revenait toujours à la situation de départ ? Rien ne se modifierait et nous oublierions tout, absolument tout.
Comment le cerveau s'y pend-t-il pour être plastique ? En fait, si nous sommes livrés avec quasiment tous nos neurones à la naissance, seuls 10% des branchements sont effectués. Un peu comme si l’on vous livrait une maison neuve avec seulement le tableau électrique. A vous de tirer les câbles et d’y connecter les prises et les lampes. Cela donne du boulot d’accord, mais finalement, vous allez pouvoir tester
Par exemple si une prise dans l’angle Nord de la chambre va être utile. Si vous ne vous en servez pas, vous allez la supprimer et connecter une nouvelle prise dans l’angle Est. Elle est utile, vous la conservez. Dans votre cerveau, il se passe exactement la même chose jusqu’à l’âge adulte : des neurones se câblent dans tous les sens puis peu à peu, ceux qui ne servent pas meurent, pendant que d’autres continuent à se connecter. |
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Et si le cerveau d’un enfant grandit, c’est parce que le nombre de connexions augmente, et non pas parce que le nombre de neurones augmente puisqu'il possède quasiment toute sa dotation à la naissance. Du coup, dîtes-vous bien qu’un ado qui manifeste un comportement essentiellement constitué d’onomatopées et autres étrangetés, c'est tout simplement parce qu'il n’est pas tout à fait fini sur le plan câblage surtout dans la partie avant du cerveau. Ne vous découragez pas, il le sera un jour et nous en reparlerons.
Votre cerveau a recours à une seconde astuce, dévoilée depuis peu par les équipes de recherche : il fabrique de nouveaux neurones, tout au long de votre vie, même à l'âge adulte.
Regardez le cas du crâne de cet enfant qui dès la naissance, a été serré dans un tissu pour lui donner une forme allongée selon le rituel de cette tribu africaine au début du siècle dernier - remerciements à Jean-Paul pour cette photo rare – L'on voit ainsi à quel point la boite crânienne se révèle étonnement plastique elle aussi. Les neurones et câblages à l'intérieur s'adaptent et suivent la déformation.
Cette plasticité sur laquelle nous insistons parce qu'elle constitue la base de la puissance du cerveau, se manifeste tous les jours Si vous apprenez à jongler, dans votre tête, la zone des mouvements ainsi que celle qui la relie à la zone de la vue va s’étoffer, s’épaissir à tel point que ce sera visible sur les images dès 6 semaines d’entraînement.
Mais attention, le phénomène inverse va se produire si vous arrêtez l'entraînement
Si vous apprenez un texte par cœur, de nouvelles connexions, de nouveaux chemins vont se créer. Votre mémoire va ainsi tracer des cheminements privilégiés que vous pourrez solliciter lorsque que vous aurez besoin d'en retrouver le souvenir. Mais lorsque vous arrêterez de répétez ce texte, les chemins le moins bien tracés vont se faire envahir par la végétation. Les souvenirs les moins bien engravés vont disparaître. Ainsi vont disparaître des liaisons voire des neurones non sollicités.
Vous êtres musicien, votre cortex va se développer, s'épaissir dans la zone dédiée à la musique au fur et à mesure de votre apprentissage.
Autre rôle essentiel de la plasticité : en cas de lésions dans le cerveau ( tumeur, hémorragie…) vos circuits vont se réorganiser comme en cas d'accident sur un axe routier entraînant sa fermeture : les véhicules vont spontanément passer par la partie du réseau non coupée, par les axes voisins. Comme l'information dans votre matière cérébrale. Ainsi, après une lésion, la zone endommagée va se retrouver non seulement contournée par des itinéraires 'Bis' , mais d'autres secteurs vont développer des structures de remplacement avec des ponts de secours, et des itinéraires tout nouveaux.
Cette incroyable capacité du cerveau est utilisée chaque jour par des milliers de patients en rééducation. En cliquant sur le bouton vous pourrez découvrir les cas parmi les plus spectaculaires de cette plasticité.
Mais attention la plasticité, tout aussi extraordinaire qu'elle soit, connaît des limites en particulier dans le temps.
La période de plasticité maximale est bien entendu l'enfance. Ce qui a pu faire dire à certains que " Tout se joue avant 6 ans". C'est évidement bien trop simpliste. La plasticité des neurones d'un bébé va simplement décroître tout au long de sa vie. Phénoménale dans le plus jeune âge, elle permet d'achever toutes les fonctions cérébrales entre 20 et 25 ans. Ce qui ne signifie pas que le cerveau n'est plus plastique ensuite. Il le reste jusqu'au bout de la vie.
Toutefois il existe une période critique au-delà de laquelle, si la fonction n'est pas stimulée, la capacité correspondante devient impossible à récupérer.
Ainsi les enfants qui ne parlent pas avant 7 ans, ne parleront plus jamais.
De même, les enfants qui ne marchent pas avant 10 ans ne marcheront plus jamais.
Autre exemple : les chats et la vision : la période critique se situe entre la 3ème semaine et le 3ème mois. Si les paupières du chaton sont cousues à ce moment-là, le malheureux ne jouira jamais de la vision.
Désolé de démolir un mythe mais Mowgli n'aurait jamais pu communiquer avec Bagheera, Tarzan n'aurait jamais pu apprendre à parler à Jane.
Un psy américain Harold Skeels a mené une célèbre étude : Dans un orphelinat, il a séparé un groupe dont le QI moyen était de 65 à 16 mois. La première moitié est restée dans l'orphelinat et l'autre moitié envoyée dans une maison spéciale où les enfants étaient suivis par du personnel qualifié.
Résultat : le QI première moitié restée dans l'orphelinat est passé de 65 à 60 à 4 ans alors que dans même temps le QI de ceux qui étaient suivis en dehors passait à 93.
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