Tellement étonnante cette plasticité que l'on remet ça

Cas N° 6 - : Le cas unique et incroyable du jeune aveugle qui fait du vélo en se dirigeant au son

Ben Underwood est aveugle depuis l'âge de trois ans suite à une opération imposée par un cancer de la rétine. Il s'est très rapidement aperçu en remarquant que le son n'était pas le même lorsqu'il passait en voiture devant un immeuble ( réflexion sur le mur) ou une rue (pas de réflexion). Peu a peu il a développé cette surprenante capacité de se diriger uniquement au son en émettant avec sa langue des clics dont l'écho le guide à la manière d'un sonar : il s'agit exactement du même principe d'écholocation que les dauphins aussi utilisent probablement pour se diriger.

Ainsi, Ben peut faire du roller, du vélo, du basket…sans yeux et sans problème ! Le cerveau de Ben, grâce à sa plasticité, a appris à traduire le rebond du son sur les obstacles en carte mentale spatiale. Hélas, Ben qui menait une vie heureuse et 'normale' grâce à ce talent, est décédé en 2009 des suites de la maladie qui avait entraîné son opération des yeux.

Cas N° 7 : Denis Chatelier, l'homme aux 2 mains greffées à Lyon en 2000

Deux mains arrachées par l'explosion d'une fusée de feu d'artifice. A la suite de son accident, dans son cerveau, des neurones avaient squatté la zone sensitive et motrice correspondant aux mains, notamment au profit du bras ( les neurones voisins des mains dans la zone cérébrale motrice et sensitive correspondent aux bras et au visage ). On lui greffa deux nouvelles mains : la grande inconnue de cette première mondiale était de savoir si les zones de ses mains avant l'accident allaient retrouver leur rôle originel. Elle fût levée au bout de quelques mois par l'IRM: en 6 mois les réaffectations étaient quasi complètement achevées. Les zones du bras, elles s'étaient également de leur côté quasi retournées à leur point de départ. Le corps a commandé au cerveau grâce à la plasticité de ce dernier .

Cas N°8: Apprendre à jouer d'un instrument ou à jongler augmente vos connexions neuronales

6 semaines d'apprentissage du jonglage épaississent le cerveau dans le lobe pariétal qui coordonne vision et mouvement. Ce sont essentiellement les cables ( axones de la matière blanche) qui augmentent. Encore plus intéressant : le résultat est le même que l"on soit bon ou mauvais jongleur : c'est l'intention qui compte. [ travaux de Jan Sholtz de l'université d'Oxford ] De la même façon, l'on a démontré que chez les musiciens, les capacités se sont développées et cela se voit dans cerveau : la zone correspondant à la musique s'est agrandie. Chez les musiciens à cordes, la zone motrice des doigts a fait de même.

Cas N°9: Jill BolteTaylor, spécialiste du cerveau, elle-même victime d'un accident vasculaire cérébral

En quelques dizaines de minutes, cette neuro-anatomiste ne parvient plus à marcher ni à parler, tout juste à composer le numéro de téléphone qui la sauvera. En 8 ans, son cerveau redevenu vierge à cause de la mare de sang qui l'a inondé, repassera du stade du bébé ne sachant rien, même pas les limites de son corps, à celui d'une universitaire reconnue. Pour cela il lui faudra patiemment recréer des millions de chemins neuronaux en passant de moins de 10% à plus de 90% du fonctionnement normal avant l’accident. Son livre, dans lequel elle décrit en parfaite connaissance grâce à son métier, ce qui lui arrive minute par minute, a bouleversé les américains. Etre convaincue en tant que neuro-anatomiste de la plasticité phénoménale de ses neurones, lui a permis de réussir le pari de reprendre une vie totalement normale.

Cas N°10: Comment retrouver l'usage de sa main quand la zone correspondante dans le cerveau est détruite ?

Un patient qui à la suite d'un accident ou d'une tumeur dans son hémisphère gauche perd l'usage de sa main droite, peut en retrouver la motricité au bout de quelques semaines de rééducation. Si l'on regarde dans son cerveau, ce n'est plus la zone touchée qui dirige sa main comme autrefois, mais une zone de l'hémisphère droit qui par plasticité à pris le relais. Et l'on pourrait comme cela continuer à presque à l'infini avec des exemples aussi spectaculaires de ce que permet la plasticité. Mais ce qui est véritablement incommensurable, ce sont les mises en œuvre de la plasticité au quotidien, dans tous les cerveaux de la planète : les enfants qui apprennent à l'école, les adultes qui apprennent à conduire, les blessés en rééducation, …et tous les souvenirs qui se forgent.