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Le pont


Devant la complexité du cerveau, nous pourrions penser, comme cela a souvent été le cas par le passé chez les scientifiques, qu'il existe une hiérarchie entre les neurones. Nous pourrions penser aussi qu'il existe une hiérarchie entre les différentes zones, et en final, tout en haut, qu'il y a un pilote dans l'avion. Pour que ces milliards de connexions puissent donner quelque chose de cohérent, et que cela ne devienne pas l'anarchie totale sous notre boite crânienne, il doit bien exister quelque part une structure qui coordonne tout cela !

Nous disposons hélas d'un moyen de savoir ce qui se passe quand tout s'allume dans le cerveau de manière anarchique : c'est la crise d'épilepsie. Celle-ci est un incendie général intérieur déclenché par un coup de foudre localisé, puis qui se propage rapidement dans tous les sens. Or, en situation normale, notre matière cérébrale nous offre plutôt un feu d'artifice. Il y a certes des étincelles, il crépite de partout, mais nous sommes loin de l'incendie non maîtrisé : le ballet est synchronisé et le résultat est cohérent. Où se cache donc le grand artificier ? Etonnamment, personne ne l'a encore trouvé !


Aucun centre dirigeant, aucun organe de supervision; notre cerveau, qui coordonne à peu près tout ce qui se passe dans notre corps, le centre du système nerveux, le poste de commandement lui-même n'a aucune organisation hiérarchique, pas de chef ! Notre tête n'a pas de tête ! Le pilote ne monte jamais dans l'avion. Les neurones-passagers, parviennent parfaitement tous ensemble à le conduire à l'aide de quelques règles de fonctionnement simples. Cela est possible parce qu'ils sont très nombreux, qu'ils sont interconnectés et qu'ils font émerger des propriétés nouvelles au niveau supérieur, comme nous l'avons vu ici.

Pas de pilote mais une unité :
Nos deux hémisphères sont reliés par une sorte d'autoroute de l'information, le corps calleux, de très loin la principale liaison entre les deux. Ce corps calleux est constitué de millions de fibres, les axones ou câbles. Par ce pont de fibres passent les infos entre tous les lobes de droite et tous les lobes de gauche. Si ce pont est coupé comme par exemple lors d'une opération pour limiter l'expansion des crises d'épilepsie, les cortex gauche et droit deviennent pratiquement indépendants. Ce qui peut donner des résultats étonnants comme l'explique Monsieur + ci-dessous.



               Monsieur + : Les étonnantes expériences de Monsieur Sperry


Roger Sperry, prix Nobel en 1981 a étudié le cas de personnes épileptiques dont le cerveau avait été dédoublé (split-brain). Le principal pont de communication entre les deux hémisphères, le corps calleux avait été sectionné pour éviter la propagation de la crise à tout le cerveau.


Ainsi les patients dont l'importance des crises avait diminué se retrouvaient avec un cortex en 2 parties : l'hémisphère droit et l'hémisphère gauche qui ne communiquaient plus entre eux. Le type d'expérience qu'il leur proposa pour comprendre le fonctionnement du cerveau donna des résultats stupéfiants. A l'aide d'un dispositif permettant à l'œil droit de ne voir que la partie droite d'un l'écran et à l'œil gauche de ne voir que la partie gauche, il projeta par exemple une pomme côté droit et des lunettes, côté gauche. S'il leur demandait de verbaliser ce qu'ils voyaient, ils lui disaient ''une pomme''.

. S'il leur demandait d'écrire avec la main gauche ce qu'ils voyaient, ils écrivaient ''lunettes''. Que se passait-il dans leur cerveau divisé ? L'hémisphère droit voyait le coté gauche, donc les lunettes. Cet hémisphère pouvait alors communiquer à la partie gauche du corps, donc à la main : ''lunettes'' mais aucune information ne pouvait être transmise à la main droite.
L'hémisphère gauche voyait le côté droit, donc la pomme. Comme dans cet hémisphère se situe généralement l'aire du langage, il allait pouvoir nommer cette pomme, tout comme il l'écrirait avec la main pilotée par cet hémisphère.
Comme les deux hémisphères ne communiquaient pas plus que Berlin Ouest et Berlin Est, chacun percevait et décrivait deux objets différents de son côté sans qu'il n'y ait ni échange, ni interférences entre les deux.
De même, ces 'split-brain' ne pouvaient nommer un objet qu'ils palpaient les yeux bandés, avec la main gauche, alors qu'ils pouvaient montrer comment s'en servir.
Dès qu'ils le touchaient avec la main droite, l'hémisphère gauche, verbal, leur permettait de donner le nom de l'objet.

Encore plus étonnant que la suppression des connexions entre les parties droite et gauche de notre cerveau : Antonio BATTRO a décrit ce qui se passait si on enlevait à un très jeune enfant tout un demi-cerveau. Nico a été opéré à 3 ans pour tenter de soigner de graves crises d'épilepsie invalidantes. Il a subi une ablation complète de l'hémisphère cortical droit , et ne disposait donc plus que du gauche. Grâce à la plasticité des neurones, tout s'est réorganisé dans la partie restante. Seule anomalie visible, quelques difficultés à mouvoir sa jambe et son bras gauches. Son QI s'avérait même légèrement au dessus de la moyenne de 100. Il figurait également parmi les premiers de sa classe dans les matières littéraires. Ainsi, dans ce cerveau totalement déstructuré, tout s'était réorganisé de manière cohérente et unifiée.

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