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Cerveau unifié : les aires associatives, centres de groupage du cerveau


Notre cerveau ne traite pas les images en numérique. De ce fait, il parvient bien mieux qu'un ordinateur à reconnaître par exemple un arbre sur une photo parce qu'il ne fonctionne pas par points - ou pixels pour les informaticiens - mais par caractéristiques. Car au départ, nous ne percevons pas un objet comme un tout. Une trentaine d'aires visuelles dites primaires permettent de traiter l'image captée par nos yeux puis transmise à l'arrière du cerveau : l'une gère la couleur, une autre le contour, une autre encore l'inclinaison, le mouvement,… toutes ces caractéristiques vont ensuite être compilées dans des aires dites associatives qui combinent les signaux des aires primaires pour donner l'image mentale finale. Il pourra ensuite par exemple mémoriser cette image.

Notre cerveau s'organise selon un mécanisme comparable pour la douleur. Le cerveau reconstruit l'impression de douleurs en fusionnant trois canaux :

1- Le premier, en provenance de nos récepteurs nociceptifs lui indique la localisation et l'intensité principalement. Les informations parviennent via la moelle épinière au sommet de notre cerveau, dans les aires somesthésiques

2- Le second canal est une composante cognitive consciente. Notre cerveau intègre ce qui se passe ainsi que les conséquences, comme par exemple le risque de se brûler la main irréversiblement. Ce circuit appartient au cortex préfrontal.


Récepteurs de notre peau sensibles à des températures extrêmes ou aux déformations
Aires sensorielles ou sensitives

3- Le troisième canal, bien moins connu et de découverte bien plus récente va donner la dimension émotionnelle à la douleur. Il est à l'origine de l'impression désagréable qui la caractérise. Le système limbique abrite ce circuit en impliquant probablement en particulier l'insula et le cortex cingulaire.

Ces 3 composantes combinées produisent la douleur. L'ensemble va nous conduire en final à retirer la main d'une plaque brûlante. Non seulement la douleur joue le rôle d'alerte comme les émotions de défense telles la peur, mais elle facilite la réparation de la blessure.

Système ancien du cerveau générant en particulier les émotions

La douleur est apparue au cours de l'évolution avec les vertébrés. Un mammifère, comme un cheval qui se blesse à la patte, ne va pas la poser par terre à cause de la souffrance. Un insecte, encore au stade de l'évolution des invertébrés et donc ne connaissant pas la douleur, va lui, continuer à s'appuyer sur sa patte cassée. Elle ne se réparera donc jamais.

                         Monsieur + : L'homme sans douleur


Qui n'a pas rêvé de supprimer toute souffrance ? Certains cas exceptionnels ne ressentent pas la douleur. Ainsi cet enfant en Inde qu'une anomalie génétique empêchait de souffrir de quoi que ce soit. Du coup, il ne sentait pas le danger. Il passait beaucoup de son temps à l'hôpital suite à de multiples blessures et mourut prématurément d'une chute de plusieurs étages. En France, le cas d'Alain Bastien fit l'objet d'un film " L'homme sans douleur". Ce dernier perdit toute sensation douloureuse lors d'un accident de moto qui endommagea notamment une partie de son système limbique.

Bien qu'il sache pertinemment que l'aiguille ou la décharge électrique du neurologue doive lui faire très mal, il ne ressentait rien. Le troisième canal, celui qui donne la dimension émotionnelle de la douleur, ne fonctionnait plus. Celle-ci ne pouvait donc plus être construite par le cerveau. Il ne souffrait plus du tout, jamais. Pourtant, aussi étonnant que cela puisse paraître, il regrettait la situation antérieure à l'accident.


     Super Monsieur + : Pourquoi, dans certains cas, ne ressentons-nous
                                                    pas immédiatement la douleur ?


La confirmation de ce fonctionnement a pu être vérifiée par chacun d'entre nous lors de situations stressantes: lors d'un match ou après un accident soudain, nous ne sentons pas la douleur sur le coup. Ainsi cette personne qui arrive aux urgences sérieusement blessée à la main : elle coupait sa moquette avec minutie et sa préoccupation de bien le faire était telle qu'elle n'avait pas ressenti la douleur sur le coup. Elle n'a, hélas, pas pris suffisamment tôt les mesures conservatoires qui s'imposaient.


Au cours de la seconde guerre mondiale, les médecins de l'armée américaine administraient systématiquement de la morphine aux blessés graves. Or celle-ci peut s'avérer dangereuse en cas de forte hémorragie, ce qui était souvent le cas chez ces soldats. Henry Bitcher, mu par la conviction que beaucoup de blessés graves ne ressentaient pas la douleur dans ces circonstances, mena l'enquête et constata que les trois quarts des soldats affirmaient ne pas avoir besoin de traitement anti-douleur.

La douleur n'est pas qu'un enregistrement passif, sinon nous la ressentirions tout de suite. Le signal se construit sur la base des trois composantes évoquées plus haut.
Au cours de l'évolution des vertébrés, il a été fondamental que la douleur puisse être modulée. Si l'Homo Sapiens se battait ou fuyait pour survivre, mieux valait qu'il ne s'arrête pas en plein milieu ! Ainsi, la composante émotionnelle de la douleur, indispensable pour qu'elle soit ressentie, peut être retardée en cas d'émotion de défense, cette dernière s'avérant encore plus prioritaire pour la survie.


D'autres aires associatives assurent la représentation du corps en mouvement à partir des informations des aires corporelles et visuelles.
Ainsi les aires associatives jouent cette mission d'assemblage dans de nombreux autres domaines comme le langage et le sensoriel. Elles permettent à notre cerveau de compiler des informations par niveaux pour obtenir des représentations mentales globales. Ces aires associatives, situées dans le cortex, ont été les plus récentes à apparaître au cours de l'évolution des espèces.

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