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Le tabac

Tabac et cerveau


Plus personne n'ose dire aujourd'hui le contraire, même le lobby du tabac : il tabac s'avère une catastrophe pour le corps des fumeurs et pas seulement les poumons.

Ses multiples goudrons et autres produits toxiques dont la liste remplirait cette page, provoquent toutes sortes de dégâts pouvant devenir mortels selon les doses absorbées. Fort heureusement, car ce serait alors la double peine pour les fumeurs, les grosses molécules de ces goudrons ne parviennent pas à franchir la protection salutaire du cerveau : la barrière hémato-encéphalique. Celle-ci ne laisse passer que les très petites molécules… comme la nicotine, autre composant du tabac dont le rôle n'est pourtant pas innocent, loin s'en faut !

      Monsieur + : La nicotine parvient à franchir le système 'haute protection'                                           du cerveau :la barrière hématho-encéphalique:


L'organe qui pilote toute l'activité du corps se doit d'être le mieux protégé. Le cerveau pourrait être perturbé voire mis en danger par les éléments nocifs susceptibles de se trouver dans le sang. L'évolution a mis en place un système d'étanchéité entre les éléments contenus dans le sang et le cerveau :


c'est la barrière hématho-encéphalique. Les petits vaisseaux sanguins, les capillaires des autres parties du corps possèdent des cellules endothéliales qui permettent aux substances de traverser la paroi et passer du sang aux cellules de l'organe. Dans le cerveau, les parois sont beaucoup plus étanches.. Seules les petites molécules comme l'oxygène, mais aussi la nicotine, l'alcool, l'héroïne … peuvent passer.

L'extazy franchit aussi cette barrière et la détruit même.
Mais la plupart des éléments toxiques se trouvent interdits de cerveau, ce qui nous protège de bien des déboires.
Cette barrière pose toutefois un problème pour que les médicaments destinés à atteindre le cerveau puissent y pénétrer. C'est le cas par exemple de ceux destinés à traiter la méningite, ou la maladie de Parkinson. Il faut alors trouver des voies de contournement comme d'administrer des molécules plus petites qui se modifieront une fois passée la barrière. De la véritable contrebande !

La nicotine est bien responsable, en grande partie du moins, de l'addiction au tabac. C'est elle, même si elle n'agit probablement pas seule (cf. Monsieur +), qui par son action dans le cerveau rend le fumeur dépendant. C'est là son unique mais ENORME défaut. Car, à dire vrai, elle ne perturbe pas, comme l'alcool à forte dose, le fonctionnement cérébral. Pour briller dans les salons parisiens, vous pourrez dire que sa neurotoxicité est nulle.

Au contraire même, elle peut améliorer les choses, très légèrement quant aux performances intellectuelles. Il semble par ailleurs, selon de récentes constatations, qu'elle puisse être utile pour traiter des maladies graves comme la maladie de Parkinson, la maladie d'Alzheimer et certaines épilepsies. Le CHU de Créteil est allé jusqu'à déposer un brevet afin d'utiliser la nicotine à l'état pur pour traiter ces maladies. Tout est parti du constat suivant : les fumeurs sont moins souvent atteints par les maladies neurodégénératives comme Parkinson et Alzheimer que les non-fumeurs. D'où l'idée de traiter ces malades avec des patches puissants à la nicotine. Et les premiers résultats à prendre pour l'instant avec prudence, semblent être au rendez-vous. Mais attention :
1- Il ne s'agit pas de se remettre à fumer comme sont tentés de le faire certains à la lecture d' articles un peu trop enthousiastes ( Nouvel Observateur du 22-28 janvier 2009) ! Il s'agit de nicotine uniquement car les effets du tabac seraient probablement plus nocifs même si les bons résultats se confirmaient.
2- Il n'existe pour l'instant aucun résultat d'étude menée dans les conditions scientifiques habituelles, conditions qui prennent en compte en particulier l'effet placebo.

               Monsieur + : Comment la nicotine s'y prend-elle pour
                                                créer l'accoutumance ?


La nicotine (C10H14N2) imite par sa forme l'acétylcholine et vient se loger dans ses récepteurs comme une fausse-clé, ouvrant ainsi les canaux neuronaux et déclenchant un signal électrique. L'acétylcholine est un neuromodulateur qui renforce la libération d'un autre neuromodulateur, la dopamine qui elle-même active le circuit de la récompense.


L'allumage de ce circuit nous pousse à recommencer une action pour retrouver les mêmes sensations extrêmement agréables.
Mais une fois sollicités, les récepteurs neuronaux deviennent moins sensibles. Après une nuit sans cigarette, le taux de nicotine dans le cerveau baisse et les récepteurs redeviennent plus sensibles. La première cigarette de la journée procurera donc chez les fumeurs dépendants une relativement plus grande libération de dopamine que celles de la veille.

Mais les suivantes auront moins d'effet. Il faudra au fur et à mesure plus de nicotine pour produire un effet de même ampleur. Et ainsi de suite…
La nicotine n'agirait pas seule pour générer l'accoutumance. En effet, selon les récentes avancées de Jean-Pol Tassin et son équipe, la nicotine seule ne rend pas dépendant. Elle ne peut agir que combinée avec une autre molécule contenue dans le tabac, un IMAO . Ceci expliquerait pourquoi les patches et produits uniquement basés sur la nicotine seraient si peu efficaces.

Inhibiteur de Monoamine Oxydase, qui a été et continue dans certains cas à être utilisé pour traiter les dépressions

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