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Alcool

Préambule important : Ce qui suit traite des effets de l'alcool absorbé en quantités importantes, à un niveau toutefois variable selon les individus.


Ce niveau correspond en première approche à celui du début de l'addiction. Comment déterminer si quelqu'un est entré dans l'addiction ? Rien de plus simple en théorie : il suffit de lui demander d'arrêter de boire de l'alcool - mais alors plus une goutte ! - du jour au lendemain, pendant 3 jours. Si la personne y parvient sans 'tricher', elle n'est pas addictive. Si elle n'y parvient pas, l'alcool est devenu une drogue pour elle, comme pour plusieurs centaines de milliers de Français.

En conséquence, quand nous parlons des dégâts de l'alcool dans le cerveau, cela ne concerne pas l'absorption de quantités raisonnables.

Pour les faibles quantités, nous n'entrerons pas dans le débat de l'effet positif ou négatif du petit verre à chaque repas, ses polyphénols, ..etc… En effet, les études et les avis sur les effets de l'alcool dès le premier verre sont aussi contradictoires que ceux sur la quantité de neurones des hommes et des femmes, c'est dire ! Certains y voient la cause d'une dégradation qui démarre dès la première goutte, alors que d'autres vont jusqu'à y voir un moyen de lutter contre le déclin du cerveau.


Bref, comme dans le débat hommes - femmes, les passions et autres croyances brouillent les résultats et nous ne sommes probablement pas près d'y voir clair sur le sujet.

Les dégâts consécutifs à l'abus d'alcool peuvent être considérables, et ils sont dans tous les cas multiples. Les premières constations furent réalisées par Korsakoff qui décrivit le syndrome du même nom en 1889 à partir d'amnésies sévères, confusions, et autres faux souvenirs d'alcooliques chroniques. A partir d'un certain stade, les alcooliques ne peuvent restituer 3 mots simplement 3 minutes après qu'on leur ait demandé de les retenir.


Les dégâts sont comme toujours encore plus considérables pendant notre phase de conception : la période embryonnaire dans le ventre maternel s'avère, comme nous l'avons vu dans la page sur le fœtus, la plus délicate qui soit pour le cerveau. Il est en pleine construction et la moindre perturbation pendant le chantier peut, même avec une faible quantité d'alcool, devenir catastrophique : malformations et retards psychomoteurs pour plus de 1 000 bébés par an en France.

L'alcool empêche :
- un flux sanguin correct et baisse ainsi la consommation de glucose du cerveau
- la naissance de nouveaux neurones ou neurogénèse
- l'assimilation intestinale de vitamines B indispensables au cerveau, B1 en particulier, provoquant des dommages cérébraux surtout dans le diencéphale (d'où le nom d'amnésie diencéphalique) touchant ainsi thalamus et hypothalamus. Une étude du Pr LIEURY sur les alcooliques entrant à l'hôpital : leur niveau de mémoire est inférieur de 40% par rapport à la moyenne.
Cette carence en vitamine B1 peut entrainer la dégénérescence du neurone qui va progressivement être détruit. En Australie, devant la forte consommation de bière des jeunes, certains médecins ont envisagé de rajouter de la vitamine B1 dans la bière.

                                  Monsieur + : Et ce n'est pas tout !


L' alcool désorganise par ailleurs les membranes (couches lipidiques) des neurones, les rigidifie et interfère ainsi avec le fonctionnement des synapses. L'alcool absorbé en quantité tue ainsi les cellules neuronales.
Ne partez pas, ce n'est toujours pas fini ! L'alcool dérègle également le mécanisme lié à la vitamine B1, indispensable à l'hippocampe, plaque tournante de la mémoire. Ainsi les alcooliques ont beaucoup de mal à engranger de nouveaux souvenirs.
Une relative bonne nouvelle malgré tout : hormis dans les cas graves, lorsque l'on stoppe l'alcool, beaucoup de fonctions peuvent revenir (mémoire, langage…) même si cela reste plus délicat pour les plus élaborées comme la planification, la prise de décision, ou la capacité d'abstraction, d'adaptation.


                      Super Monsieur + : Et ce n'est pas tout !


L'alcool que nous consommons est de l'éthanol, une petite molécule qui réussit à passer la barrière dite hémato-encéphalique. Cette barrière empêche en effet le cerveau d'être envahi par toutes les molécules que nous absorbons et qui pourraient se révéler toxiques pour la partie la plus essentielle de notre corps.


L'alcool agit sur les récepteurs d'un neurotransmetteur appelé GABA de la même manière que les médicaments anxiolytiques pour la plupart de la famille des 'benzodiazépines' comme le vallium ou diazepam. Ils abaissent ainsi la vigilance et l'inhibition.

Mais en cas de prise simultanée d'alcool et d'anxiolytiques, les effets peuvent se cumuler voire se démultiplier, en entrainant des perturbations majeures comme probablement dans le cas " Delarue " dans l'avion pour l'Afrique du Sud.
L'alcool, comme tous les anxiolytiques, agit rapidement contrairement aux antidépresseurs qui demandent plusieurs jours voire semaines avant de faire effet. L'alcool mène donc une action rapide contre l'anxiété d'autant plus qu'il agit par ailleurs sur les récepteurs opioïdes en libérant des endorphines provoquant un effet anti-stress et anti-douleur. Mais à la longue au contraire, il finit par déclencher l'hormone du stress et désynchroniser les circuits de la noradrénaline et de la sérotonine ( Travaux de Jean-Pol Tassin et son équipe ).


     SUPER SUPER Monsieur + : Le mode d'action
                         de l'alcool encore plus détaillé


L'amygdale, centrale d'alarme du système limbique, reçoit beaucoup de signaux par les multiples neurones qui s'y projettent. Mais peu déclenchent effectivement un signal car le potentiel de repos y est à – 80mV. Il faut donc un potentiel d'action fort pour 'passer la barrière du GABA' qui maintient ce potentiel très bas en laissant les ions 'Chlore' rentrer. Ce signal puissant peut être celui lié à un fort danger ou un signal déjà fortement associé dans la mémoire. L'alcool diminue donc la peur en favorisant la transmission du GABA. L'amygdale reçoit aussi des axones de neurones à sérotonine : ce neuromodulateur n'agit pas directement mais active les neurones à GABA, augmentant ainsi l'inhibition. En augmentant le taux de sérotonine, les anti-dépresseurs les plus courants de type ISRS (Prozac par exemple) augmentent ainsi l'action d'inhibition et diminuent donc eux aussi le niveau d'anxiété de l'individu, comme l'alcool.

Quelques idées-pièges sur l'alcool :

1- Il aide à passer un moment difficile, un épisode dépressif :

Faux, l'alcool l'aggrave en fait; car la diminution de l'anxiété ne dure que quelques heures. L'action euphorisante fonctionne à très court terme, jamais à moyen ou long terme.

2- Il réchauffe lorsqu'il fait froid :

Faux, ce n'est qu'une impression. Au contraire, l'absorption d'alcool dilate les vaisseaux sanguins, ce qui accroît la déperdition énergétique. Nous nous refroidissons donc plus vite.

3- Tant que l'on reste sous le seuil de l'état d'ivresse, il n'y a aucune dégradation des facultés mentales :

Hélas, pas besoin d'être systématiquement ivre pour dégrader son cerveau avec l'alcool. Un phénomène aggrave même la situation : comme le foie dégrade de mieux en mieux l'éthanol au fur et à mesure des expositions, il faut augmenter les doses pour atteindre l'ivresse - qui, si jamais elle est atteinte, est encore plus forte -. Or, des doses de plus en plus fortes, qu'elles déclenchent ou non l'état d'ivresse, provoquent de toutes manières des dégâts importants.

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