Que faisiez-vous à 15h30 le 12 Août 2001? Vous séchez ? Voici de quoi vous rattraper : Que faisiez-vous un mois plus tard à la même heure ? Vous ne devriez plus sécher… puisque un mois de plus nous mène au 11 septembre 2001 à 15h30, date des attentats contre le World Trade Center de New-York. La forte émotion que nous avons tous ressentie à ce moment-là en a ancré profondément le souvenir dans nos mémoires.
Lors de mes premières conférences, je demandais, au lieu du 11 septembre : ''Qu'avez-vous fait le matin de votre mariage ?" Mais trop d'hommes ne s'en rappelaient plus vraiment… au contraire des femmes souvent plus enclines à ressentir leurs émotions. Je subodorais alors quelque explication musclée entre conjoints de retour à la maison après la conférence. En effet, ces oublis, disons-le plutôt masculins, trahissaient le fait que ces messieurs n'avaient probablement pas été en lien aussi intense avec leur émotion ce jour-là. Farouche partisan de la paix des ménages, j'ai remplacé la question par celle que je viens de vous poser. Et la sérénité est revenue dans mes conférences… |
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Le père de Sacha Guitry avait intuitivement compris comment utiliser les émotions pour mémoriser : en sortant de la loge de Sarah Bernard après une pièce, il asséna à son fils une monstrueuse gifle : " C'est pour que tu te rappelles, mon fils, que tu viens de rencontrer la grande Sarah Bernard ! ". Inutile de préciser que la méthode, si elle est d'une efficacité quasi absolue, n'est que rarement applicable : elle nécessite une certaine absence de scrupules, elle nuit gravement aux relations interpersonnelles, et ne saurait être renouvelée fréquemment.
Ainsi, Sacha Guitry a-t-il compris que les émotions constituent le plus puissant facteur de mémorisation qui soit. Le seul petit ennui est que, par construction, les émotions ne peuvent ni se décréter, ni se déclencher selon notre besoin, juste pour mémoriser mieux. Nous ne pourrons donc pas systématiquement nous appuyer sur elles.
Comment les émotions impactent-elles notre mémoire ?
Une zone enfouie dans notre cerveau, l'hippocampe constitue la plaque tournante dans la gestion de nos mémoires. Cet organe relativement archaïque se retrouve à proximité des structures siège des émotions. Emotions et mémoires sont ainsi gérées par des neurones voisins, appartenant au même système, le système limbique. Les racines émotionnelles de la mémoire sont restées profondément ancrées en nous.
Aux temps lointains, il s'avérait essentiel pour la survie de bien mémoriser les éléments liés au danger, lorsque par exemple un lion s'approchait de la caverne. Les australopithèques et hominidés, mais bien avant eux les singes, et encore bien avant eux les premiers mammifères dont les émotions impactaient le plus la mémoire, ont eu une importante descendance. Les autres sont à peu près tous morts et n'ont donc pu transmettre leur code génétique ! |
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L'homme des cavernes qui se rappelle parfaitement où il a eu le plaisir de trouver un arbre avec des fruits comestibles survivra mieux que ses collègues sans émotions reliées à la mémoire. C'est en particulier l'amygdale et les circuits proches qui vont dire à l'hippocampe voisin : '' Ce souvenir-là, tu le gardes, il vaut le coup pour notre survie. '' |
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Toutefois, si le choc émotionnel est véritablement trop violent, ce système si efficace peut dérailler, comme nous le dévoile Monsieur +.
De manière étonnante, le cerveau peut avoir dans les cas de traumatismes exceptionnellement violents deux comportements totalement opposés. Par exemple, après un viol, le souvenir peut complètement disparaître (amnésie totale), voire se focaliser sur un seul élément, comme l'arme de l'agresseur (amnésie partielle). Mais, à l'opposé, il peut devenir omniprésent (hypermnésie). Les scientifiques ne s'expliquent pas pour l'instant comment, selon les personnes ou les conditions, les conséquences d'un événement très stressant peuvent s'avérer à ce point opposées.
Les publicistes ont encore une fois bien détecté cette sixième clé de la mémorisation. Il suffit de compter le nombre de spots TV qui se mettent en quatre pour vous arracher une émotion en moins de 15 secondes.
Dans cette typologie, vous avez les pubs pour chewing-gum, qui vous plongent dans une ambiance de bonheur parfait, uniquement grâce au petit bout de pate rectangulaire issu de la pétrochimie. Vous avez également, dans le même genre, les pubs pour les cafés, soit la version 'nostalgie' avec le divorcé revenant chez son ancienne compagne sous une nappe, musicale, de violon sirupeux soit la version 'charme classe' avec la complicité de Georges Clooney…etc… |
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Il est plus facile à la télévision ou au cinéma de recréer une ambiance que sur une simple affiche. Le son, la musique qui accompagnent le mouvement d'une paupière ou d'une main déclenchent une émotion plus aisément qu'une photo.
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