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Et Freud dans tout çà ?

Le ''Livre noir de la psychanalyse'', édité en septembre 2005, coordonné par Catherine Meyer, a jeté un pavé dans la mare de la psychanalyse. Il a eu le mérite de rompre l'omerta diffuse entourant la discipline. Un rapport de l'INSERM de février 2004 avait déjà créé le scandale en observant, comme l'avait fait le rapport de l'Organisation Mondiale de la Santé, l'efficacité relative de la méthode psychanalytique. Ce rapport avait dû être enterré par le ministre de la santé en personne sous la pression de la profession. Il n'est pas question ici d'entrer dans la polémique d'autant que les apports de Freud ou Lacan d'un côté, comme celui des neurosciences et des thérapies cognitives / comportementales de l'autre sont considérables et indiscutables.


Il est vrai également que la France reste le champion du monde de la consommation de psychotropes alors que, parallèlement, elle demeure avec l'Argentine le dernier bastion hégémonique du Freudisme.

Le débat est cependant aujourd'hui d'autant plus stérile que les deux angles d'approche sont totalement disjoints : les psychanalystes s'intéressent à la cause mais refusent de faire l'objet d'évaluation; les Thérapies Cognitives et Comportementales (TCC) ne s'intéressent qu'aux symptômes mais obtiennent des résultats positifs qui ont été évalués à plusieurs reprises;

Comment se traduisent dans la pratique ces différences ?


Par exemple, vous avez la phobie des araignées. Pas simplement une peur comme beaucoup d'entre nous la connaissent, mais une immense panique traumatisante. Le psychanalyste va chercher dans votre enfance comment s'est déroulé le premier contact avec les araignées, chercher à savoir ce que cette peur peut cacher par rapport à d'autres angoisses ... etc… en vous faisant décrire tout le contexte. Ensuite, le résultat va dépendre de ce que vous allez apporter tout en étant assez peu guidé. Plusieurs années en général seront nécessaires, mais vous serez allé en profondeur et aurez sans doute traité des troubles bien au-delà la phobie des araignées.

Le psychothérapeute TCC va, lui, par exemple vous faire associer l'image de l'araignée à une autre image plus rassurante, vous mettre peu à peu en contact avec une image d'araignée, ou vous faire construire un film différent de la réaction habituelle, voire même depuis peu vous plonger dans la réalité virtuelle jusqu'à ce que d'autres circuits neuronaux se forment et que le symptôme s'atténue. D'autres types de thérapies vont vous faire travailler sur ce qui se passe dans votre corps, …etc.. Les résultats seront plus rapides mais vous n'aurez pas nécessairement traité l'ensemble des troubles sous-jacents.


Freud, en grand pionnier, a bouleversé notre compréhension du monde et a fait avancer la science à l'image d'un Galilée, d'un Darwin ou d'un Einstein.

Après que Galilée nous ait déstabilisé en nous éjectant du centre du monde, Darwin nous a asséné un second choc en ramenant l'homme, ce prétendu élu, à un animal quelconque. Et cet animal descendrait, qui plus est, d'un singe !
Einstein nous achève ensuite en nous affirmant que nos perceptions du temps et de l'espace sont illusoires. Et dans la foulée, un certain Freud veut nous faire croire que nous ne sommes même pas maîtres de notre esprit, suprême spécificité humaine dont nous sommes si fiers. Notre inconscient nous gouvernerait alors que nous sommes sensés tout maîtriser ?

Quelques grandes intuitions de Freud :


L'inconscient : Le mode 'inconscient', fondement de la théorie psychanalytique, représente effectivement une part importante du fonctionnement cérébral : 90% des informations traitées par notre cerveau échappent à notre conscience. Il s'agit de fonctions automatiques comme la respiration, mais également de tout ce que notre cerveau fait et enregistre sans que le phare de l'attention ne soit mobilisé. Pour mettre en évidence un exemple de fonctionnement inconscient de votre cerveau, cliquez ici. Vous aurez une démonstration de ce qui s'appelle l'effet 'Stroop'.

Notre mémoire fonctionne également en grande partie de manière inconsciente. Tous nos apprentissages correspondant peu ou prou à des savoir-faire relèvent d'un pan de notre mémoire dénommée implicite : savoir lire, faire du vélo, jouer d'un instrument… Nous ne sommes pas conscients de cette forme de mémorisation.
Autre manifestation de notre fonctionnement inconscient : l'effet placebo. Il est constaté qu'à chaque fois que l'on donne un nouveau médicament pour tester son efficacité, même si le comprimé ne contient rien ou de la farine, l'état de plusieurs patient va se trouver amélioré.

Le simple fait de prendre un comprimé nous conduit inconsciemment à aller mieux, que ce comprimé soit actif ou non ! Cet effet placebo fonctionne tellement systématiquement que les tests d'efficacité de nouveaux médicaments sont conduits en 'double aveugle'. Les patients sont divisés en trois groupes : le premier sert de témoin et ne prend aucun médicament. Le second prend un placebo, un comprimé inactif, et le troisième prend le même comprimé mais contenant le produit actif.


Pour contourner l'effet placebo, les patients des deux derniers groupes ne connaissent naturellement pas le contenu de leur gélule. De plus, second volet de l'essai en 'double aveugle', ceux qui administrent le traitement ne connaissent pas non plus le véritable contenu de la gélule. Toute cette logistique pour contourner notre inconscient, qui du coup renchérit le coût de mise sur le marché des nouveaux médicaments et appauvrit en final la sécurité sociale.

L'inconscient n'est pas localisé dans certaines zones quelque part dans le cerveau. Il se définirait plutôt par défaut comme absence de conscience. Les recherches se multiplient dans ce domaine complexe et la conscience est loin d'être appréhendée; la mobilisation de certaine zones et la synchronisation des impulsions semblent constituer les pistes les plus sérieuses.

La force du divan ou plus exactement de la parole : Parler d'une difficulté ou d'un évènement traumatisant permet comme nous l'avons vu grâce à la plasticité du cerveau de créer d'autres cheminements parmi les neurones.


Cette plasticité a été mise seulement en évidence seulement depuis peu par la science qui le croyait jusque là immuable. Freud avait probablement "intuité" que la verbalisation permettait de réorganiser les circuits, et donc en particulier ceux à l'origine des troubles. Il a engendré, par le biais du divan, une révolution autour de la parole totalement mise de côté avant lui.

Toutefois, le psychanalyste laissant une totale liberté, le cheminement du patient pourra s'avérer très long. Le psychothérapeute, s'il laisse toujours trouver au patient ''sa'' propre voie, va sensiblement plus le guider ou l'accompagner par des questions, par de l'exercice corporel, par de l'imaginaire, par de la symbolisation, par du dessin, par de la mise en scène, par des mouvements rapides des yeux…Le cheminement personnel s'en trouve ainsi souvent accéléré sans que cela ne constitue une règle.

Le 'surmoi' et le çà : Freud avait identifié trois instances de la personnalité: le 'çà', correspondant aux pulsions situées dans l'inconscient, le 'moi' et le 'surmoi', siège des mécanismes de renoncement aux pulsions issues du 'çà'. Le surmoi contrôle, interdit, juge, culpabilise.
Bien qu'il ne corresponde à aucune géographie anatomique dans le cerveau, le surmoi pourrait être, en première approximation, rapproché de la partie la plus récente de notre cerveau : le lobe frontal. C'est là en effet que les facultés de jugement, le 'socialement correct' et les limites fixées par la morale ou la vie en communauté se forgent. Cette partie avant du cerveau, la dernière à devenir mature après l'adolescence, est en effet la zone qui nous permet de prendre une décision pertinente en fonction des contraintes, de porter un jugement. Le lobe frontal permet également de trouver un équilibre avec les émotions, voire les instincts primaires que l'on pourrait très grossièrement rapprocher du 'çà', ces derniers se trouvant enfouis dans les systèmes archaïques de notre cerveau.

Quelques intuitions pour lesquelles Freud s'est trompé, ou ce qu'en disent les neurosciences aujourd'hui :

L'inconscient n'est pas nécessairement lié à un principe de refoulement :
Notre cerveau traite des milliards d'informations de manière inconsciente sans qu'elles ne soient la conséquence d'un refoulement. Freud a eu tendance à ramener systématiquement la motivation de bien trop d'actions à des refoulements plus ou moins lointains.


Le sexe est très présent mais il n'est pas partout : Réduire en particulier la femme à un être jaloux parce que derrière ''l'envie de pénis'' se cache "l'amertume de ne pas en avoir", parait de nos jours totalement à côté de la plaque. Tout comme le fait de ramener de nombreux comportements masculins à la peur de la ''perte du pénis'' .

Freud pensait par ailleurs que l'impossibilité de mémoriser avant l'âge de 2-3 ans provenait de la répression de la sexualité infantile. Tous les spécialistes s'accordent aujourd'hui pour attribuer le trou de la mémoire de la première enfance au simple fait que les organes actifs dans la mémorisation comme l'hippocampe sont encore en phase de construction jusqu'à l'âge de 2 à 3 ans.

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