Nous avons vu tous les mécanismes du stress et leurs conséquences sur notre corps et nos performances. Tout cela s'avère bien utile pour fuir ou combattre le danger. Mais si le stress dure trop longtemps, ou bien se répète trop souvent, l'organisme va finir par s'épuiser à force de fonctionner en surrégime. Et c'est à ce moment-là que le stress devient nocif pour l'individu, jusqu'à parfois conduire à sa perte : le mécanisme est toujours le même, mais comme il n'est pas fait pour durer, la phase d'épuisement va succéder à la phase d'efficacité, le bonus va se transformer en malus…
Pourtant certains d'entre nous vont jusqu'à dire : ' Moi j'ai besoin de stress pour être efficace'. Oui, le stress apporte indéniablement des capacités physiques et certaines capacités intellectuelles supplémentaires. Mais attention, lorsqu'il constitue votre mode de fonctionnement normal, il y a danger. Ce même stress, s'il se prolonge ou se renouvelle trop fréquemment, va au contraire dégrader notre organisme, abaisser nos performances, nous rendre moins efficace. Ce n'est pas un autre stress qui serait mauvais, par opposition au bon. Certes il existe un bon et un mauvais cholestérol, qui correspondent, eux, à deux processus sensiblement différents et aux effets opposés: l'un, HDL favorable à l'organisme, et l'autre, LDL nocif pour le système cardio vasculaire. En matière de stress, il n'existe qu'un seul mécanisme et les choses sont donc très différentes.
Une fois que les réserves sont brûlées, que la phase de résistance prend fin, la phase d'épuisement peut aller très vite. Celle-ci évolue généralement en maladie du corps et de l'esprit : dépression, burn-out, maladies de peau,..
Il n'existe donc pas de bon stress, ni de mauvais stress. Il y a simplement un stress adapté, qui dure juste le temps nécessaire pour améliorer les performances lorsque nécessaire. Si ce même stress se prolonge trop, il s'avère contre productif et devient alors inadapté.
L'évolution a sélectionné le stress car ce processus d'urgence augmentait les chances de survie. Mais imaginez un système d'urgence qui fonctionne en permanence, comme une sirène d'alarme par exemple. Ce serait intenable et épuisant, non? Alors regardons le stress sous cet angle pour en tirer le meilleur parti.
Comprenons-nous bien : ce genre de livre, en l'occurrence de qualité, est tout à fait utile. Mais il laisse penser qu'il existe deux types de mécanismes de stress. Il n'attire donc pas suffisamment l'attention sur le fait que la limite est fragile entre le stress boosteur de performances et le stress chronique dévastateur. Il 'agit juste d'une question de dose, variable de surcroît selon les individus, voire les époques, donc difficile à cerner. Le danger de dérive est donc là, et la bascule progressive, insidieuse. Ce type de titre revient en quelque sorte à annoncer qu'il existe deux types d'amphétamines, les bonnes (A) et les mauvaises (B), deux types de cocaïne, de la bonne (A) et de la mauvaise (B). Et il ne s'agit pas bien sûr ici de la pureté du produit ! Il suffirait donc de prendre le bon produit (A), d'éviter le mauvais (B) et le tour serait joué ? Hélas, non ! Il n'existe pas de bonne cocaïne, ni de mauvaise cocaïne. Pour le stress, c'est le même principe. Il n'existe pas un mécanisme favorable sans effets secondaire et un autre que l'on pourrait bannir aisément. A chacun donc de trouver sa propre limite, celle au-delà de laquelle la spirale de l'épuisement démarre.
Il arrive même que le stress détériore les performances quand sont sollicitées des capacités intellectuelles élaborées, comme l'a montré notamment l'étude suivante: des étudiants ont été séparés en 2 groupes. Le premier a été mis sous pression à l'occasion de tests lors desquels il était indiqué que s'ils les rataient, cela invaliderait leur Unité d'Enseignement. Le second groupe, à qui l'inverse a été annoncé et donc fort peu stressé, a obtenu meilleurs résultats, avec en particulier moins d'erreurs. |
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Et grâce à l'imagerie cérébrale, les scientifiques ont pu vérifier que chez les stressés, la peur libère des hormones qui entravent le fonctionnement des zones du raisonnement abstrait dans le cortex. Le stress nous fait donc perdre nos capacités de réflexions élaborées, celles qui n'étaient probablement pas vitales lorsque cette fonction essentielle pour la survie a été sélectionnée, il y a des millions d'années. Mais nous ne vivons plus dans le monde qui a sélectionné nos ancêtres.
Adoptons donc un stress adapté à notre monde actuel, où la vie s'avère en fait beaucoup beaucoup plus rarement en jeu.
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