Les performances de notre cerveau sont-elles déterminées par nos gènes ou par notre histoire ?
L'intelligence est-elle à 0%, 50% ou 100% héréditaire ?
Voici typiquement le genre de question qui n'a plus lieu d'être et que l'on continue pourtant à poser irrémédiablement. L'état des connaissances scientifiques est tel qu'aujourd'hui, se poser la question de la part de l'inné ou de l'acquis dans l'intelligence revient à se demander ce qui éclaire le plus dans la bougie : la flamme ou la mèche? L'un sans l'autre n'est rien, et les deux sont indispensables et inséparables. De même gènes et environnement sont indispensables et inséparables pour le bon fonctionnement du cerveau.
Mettez un génie potentiel dès sa naissance dans un milieu sans stimulations, isolé totalement du reste du monde: son cerveau se décrépira et il ne sera jamais capable de parler s'il n'est pas sorti de là avant 10 ans. Les expériences multiples faites avec des souris élevées en milieu stimulant et milieu appauvri montrent d'énormes différences au final. Les jeunes roumains livrés à eux-mêmes dans des orphelinats surpeuplés ont vu augmenter leur QI de manière spectaculaire après avoir été placés dans des familles d'accueil attentives.
Le combat entre l'inné et l'acquis ne rime donc plus à grand chose de nos jours. Et, pour brouiller encore plus les pistes, les débats sur ce thème passent très rapidement sous une emprise idéologique ou politique.
La première controverse entre ces deux hypothèses date du temps d'Aristote et Platon. Ce dernier pensait que tout le fonctionnement de notre cerveau était inscrit au départ. Pour Aristote à l'inverse, le cerveau était comme une feuille blanche sur laquelle l'expérience vécue venait inscrire au fil des jours ses propriétés propres. Descartes, entre autres, prit bien plus tard le parti de Platon. Mais aujourd'hui l'on sait que le cerveau possède certes des caractéristiques incontournables : par exemple la zone de la vision est située au-dessus de la nuque dans tous les cerveaux. Le plan général est établi pour tous les individus appartenant à l'espèce humaine; ce qui n'empêche pas une grande variabilité dans les connexions. La plasticité que nous avons décryptée précédemment autorise une fabuleuse évolutivité cérébrale, toute la vie.
Sur le plan scientifique, la fin du XXème siècle a été sans conteste celle du génome. La course effrénée pour décrypter l'ensemble de nos gènes devait nous conduire à une révolution, rien de moins. La manipulation des gènes allait nous amener à pouvoir résister aux maladies, à être plus performants, à vivre beaucoup plus longtemps…etc. Si des progrès très intéressants ont pu être réalisés dans des domaines très spécifiques comme pour quelques maladies génétiques, nous sommes loin des miracles espérés. Pourquoi ?
Essentiellement pour deux raisons : |
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Autrement dit, une caractéristique observable d'un individu comme sa couleur de peau (phénotype) est le résultat de l'expression non pas d'un unique gène comme c'est le cas pour les lois de Mendel mais de plusieurs…en faisant abstraction de l'influence du milieu dans lequel vit l'individu comme nous allons le voir tout de suite.
Signalons simplement au passage le côté illusoire et mercantile des laboratoires anglo-saxons qui moyennant une coquette somme se proposent de décoder vos gènes. Compte tenu de la complexité que nous venons d'évoquer, il s'avère impossible pour l'instant de découvrir nos caractéristiques masquées ( déclenchement de maladies…) de manière fiable et exhaustive. D'ailleurs, un journaliste ayant testé les 3 principaux laboratoires a obtenu 3 résultats très différents pour un seul et même individu : lui-même.
* Ensuite parce que la présence d'un gène dans l'ADN ne signifie pas pour autant qu'il va s'exprimer. En effet, les scientifiques se sont aperçus que selon la manière dont l'ADN était enroulé, selon que des molécules s'y accrochaient ou non (les groupes méthyles –CH3 en particulier), certains gènes seront actifs ou endormis. Dans ce dernier cas, tout se passe comme s'ils n'étaient pas présents. Mais, en fonction du vécu de l'individu, ce gène endormi pourra devenir actif. Une nouvelle discipline est née de ces découvertes : l'épigénétique. Elle étudie la façon dont s'expriment ou pas les gènes en fonction de l'histoire individuelle et de l'environnement.
Certaines maladies sont liées à un seul gène, elles sont monogéniques : par exemple la Corée de Huttington qui entraîne une dégénérescence neuronale mortelle qui se déclenche vers 40 – 50 ans. L'hérédité ne laisse aucune chance dans ces cas-là. La mucoviscidose et la myopathie de Duchesne qui sont fréquemment évoquées lors du Téléthon sont également monogéniques.
Ces maladies sont dues à une hérédité qualifiée de mendélienne puisque leur loi de transmission est simple et obéit aux lois de Mendel.
La plupart du temps, comme pour le diabète, l'hérédité n'a que peu voire pas du tout d'influence. La majorité des maladies sont multi ou polyfactorielles.
Les Bébés Nobel : Une illustration tragi-comique de la croyance en la toute puissance de la génétique: la banque du sperme de prix Nobel créée par un milliardaire, Daniel Graham.
L'idée consistait à récupérer le sperme de prix Nobel pour féconder les femmes désireuses d'engendrer un génie. Daniel Graham est parvenu à en convaincre 219, mais pratiquement aucun prix Nobel comme donneur. Il faut dire qu'eux étaient bien placés pour avoir bien conscience de la futilité de l'entreprise. |
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La complexité des interactions entre génétique et vécu : |
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Par exemple, si un des jumeaux est homosexuel, l'autre sera environ une fois sur deux également homosexuel. L'hérédité est donc importante - et nous allons voir que chez des faux jumeaux, ce taux et divisé par deux - mais elle ne détermine pas tout.
Nous ne sommes donc pas prisonniers de nos gènes mais il faut composer avec eux.
Comparons maintenant ce coefficient de corrélation à celui de 0,25 constaté entre faux jumeaux dits dizygotes à celui de 0,1 constaté entre frères et sœurs ordinaires. Les faux jumeaux et les frères et sœurs possèdent statiquement le même nombre de gènes communs. Alors pourquoi cette différence? Le partage du même bain hormonal et du même vécu in utero que ne connaissent pas les frères et sœurs semble ainsi également important.
Dans le domaine du QI en général, les jumeaux monozygotes sont corrélés à 0,85. Mais en zoomant sur uniquement l'intelligence verbale ou la culture, la corrélation tombe à 0,64 seulement pour des jumeaux monozygotes séparés contre 0,88 pour des jumeaux vivant sous le même toit.
De nombreuses expériences ont été réalisées jusqu'en 1940 sur des rats triés de génération en génération en deux paquets à chaque fois : d'un côté, les plus brillants au test de sortie d'un labyrinthe, de l'autre les moins brillants au test. Les expérimentateurs croisent ensuite les plus brillants entre eux et les moins brillants entre eux. Il faut attendre la 8ème génération pour constater une meilleure performance systématique dans le labyrinthe du groupe des rats brillants par rapport au groupe des moins brillants.
Cette expérience montre encore une fois que la transmission héréditaire de l'intelligence est indéniable. Toutefois, le résultat n'est pas garanti avant de nombreuses générations au contraire de ce qui se passe dans les cas particuliers comme la couleur des yeux.
Nos comportements dépendent aussi de notre environnement et de notre histoire personnelle.
Les études sur l'environnement et les pollutions chimiques perturbant nos caractères ou comportements sont rares, mais il semble difficile de croire que des produits qui détruisent notre santé physique n'agissent pas sur notre cerveau.
En tous cas la chimie que nous provoquons nous-mêmes dans notre cerveau l'influe notablement :
Quelques microgrammes d'ocytocine injectés dans le cerveau d'une rate vierge lui font jaillir le lait des mamelons, construire un nid, lécher des petits rats égarés.… Cette neurohormone libérée par l'hypothalamus puis stockée dans l'hypophyse qui la libère ensuite dans le sang et dans le cerveau est responsable de l'attachement amoureux ou maternel. Chez l'humain les réactions sont comparables, même sans injection. |
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Il suffit que l'on nous caresse pour que nous nous injections ''cérébralement'' une dose d'ocytocine. Un orgasme envoie au cerveau une grosse décharge de neuromodulateurs dont l'ocytocine. Avec les modifications de comportement correspondantes : affection, tendresse et attachement.
Telle femme a une attitude qui pourrait paraître légère ? C'est peut-être tout simplement une question d'hormones : une femme s'avère beaucoup plus réceptive aux hommes au moment de l'ovulation. Une étude de l'université de Vannes (Nicolas Guéguen) montre qu'elle donne 3 fois plus facilement son numéro de téléphone à un inconnu durant cette période que le reste du temps. D'autres études montrent que les femmes s'habillent de manière plus provocante dans cette conjoncture. Pour en savoir plus :
Un autre genre de mixage entre l'hérédité et l'expérience : |
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